Description
ETHERVAL 24 : Ex tenebris
(Illustration de Artofclor)
Sorti en septembre 2025
Notre sélection regroupe les textes de huit écrivains :
“Bienvenue au Gran Hôtel de l’Étoile” de Vincent Giorgio
“En cuisine” de Virginie Loir
“Greenwashing” de Barbara L’Heureux
“La Terre ne tourne plus'”de Lucas Isaac-Lemasle
“Le Lys blanc” de Jérôme Mauduit
“Les fantômes du servent Rase-mottes” de Xavier Lhomme
“Les Récupérateurs” de Constantino Listowski
“Malfaite” de Camille Souribou
En littérature de l’imaginaire, le héros au sens de « protagoniste du récit » se confond presque toujours avec le héros au sens de « personnage le plus important de l’intrigue ». Les héros, certes, accomplissent de hauts faits et influent sur des événements capitaux. Pourtant, bien d’autres personnages de second plan méritent qu’on s’attarde sur eux. Soit ils assistent le héros de manière cruciale, soit ils participent aux événements collectifs sans se mettre en avant, soit enfin ils restent volontairement à l’arrière-plan pour quelque raison. Dans ce numéro, découvrons des récits où ces personnages secondaires prennent le premier rôle. Par la qualité des récits qui leur donnent vie, ces femmes et ces hommes de l’ombre vont-ils se révéler en pleine lumière ?
- Xavier Lhomme nous plonge dans les souvenirs d’un prisonnier, mécanicien d’avions militaires de la Première Guerre Mondiale : Les Fantômes du Sergent Rase-Mottes.
- Dans les profondeurs du monde, Lucas Isaac-Lemasle imagine que des milliers de magmites œuvrent à la rotation de la planète. Mais quelles conséquences si, à un moment, La Terre ne tourne plus ?
- Bienvenue au Gran Hôtel de l’Étoile ! nous invite Vincent Giorgio. L’intendante de l’établissement espère que notre séjour et que la conférence de paix seront un succès.
- Dans Le Lys blanc, nous suivons une maîtresse d’armes qui accompagne Jeanne d’Arc dans une épopée dont les adversaires ne sont pas les Anglais. Une aventure signée Jérôme Mauduit.
- Quand un maire sans scrupules pratique le Greenwashing, Barbara L’Heureux nous conte l’histoire de Germain, le sympathique réparateur de vélo.
- Constantino Listowski nous présente un futur où les marchands tout-puissants contrôlent l’alimentation. Ceux qui préfèrent la nourriture saine des fermes orbitales peuvent remercier Les Récupérateurs.
- Nice est assiégée par les Turcs. Sous la plume de Camille Souribou, la ville peut compter sur sa population et des femmes comme la Malfaite pour résister à l’ennemi.
- Même si des négociations diplomatiques importantes se déroulent au château, l’histoire de Virginie Loir se déroule plutôt En cuisine où nains, elfes, gnomes travaillent d’arrache-pied, et plus si affinités.
Dans nos pages culturelles, découvrez les bienfaits de l’écriture en collectif avec un exemple tiré du début du XIXe siècle, bien avant internet et les forums d’écriture modernes. Nous enchaînerons avec une interview de Marc Clément, scénariste pour le jeu de rôles Le Cabinet des Murmures. Pierre Sensfelder vous propose ensuite une histoire dont vous êtes le héros. Quant aux inénarrables Missives d’Etherval, les auteurs ont réclamé l’anonymat.
Les Fantômes du sergent Rase-mottes, de Xavier Lhomme
Demain matin, je passe en conseil de guerre pour présomption d’intelligence avec l’ennemi. Je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir leur raconter, tant ce qui m’est arrivé est incroyable. Moi-même, s’il ne me restait pas quelques marques de contusions et pansements un peu partout sur le corps, j’aurais parfois tendance à croire que je suis victime d’hallucinations.
— C’est bien normal, confirme feu le lieutenant Christoval d’Hins, tapi dans l’ombre. Nous sommes au XXe siècle : qui donc peut encore croire à des histoires de fantômes ?
La Terre ne tourne plus, de Lucas Isaac-Lemasle
Les flammes de Lavo explosèrent de colère, dispersant des langues de feu dans tout le bureau, sans nullement impressionner GURT.
— Vous comptez diminuer toutes les soldes, alors que ces erreurs bénignes et monnaie courante peuvent arriver à n’importe qui ? Que ce n’est que de la malchance ?
— Premièrement, oui. Deuxièmement, c’est justement parce que ces erreurs bénignes se répètent qu’il faut sévir. Nous parlons de secousses sismiques, je vous signale. Le budget que nous accorde le gouvernement n’est pas destiné à retourner la croûte terrestre. Les surfaciens ont une technologie de plus en plus poussée, ils vont finir par découvrir ce qui se passe sous leurs pieds.
Bienvenue au Gran Hôtel de l’Etoile, de Vincent Giorgio
« Entrez, cédez à ce seuil vos intranquillités, nous sommes les garants de votre quiétude. » Gravée sur l’imposte de la large porte du Gran Hôtel de l’Étoile, la prétentieuse maxime accueillait quiconque passait l’entrée. En plein cœur de Sellia, la divine capitale d’Astériil, ces mots transpiraient une vanité non feinte, de leur signification à la délicate calligraphie qui les esquissait. Pourtant, tout le monde le savait, ils dépeignaient la simple réalité. On ne pouvait fouler les dalles de marbre noir de cet établissement sans s’attendre à une expérience inoubliable et un service d’exception. Surtout un jour comme celui-là…
Le Lys blanc, de Jérôme Mauduit
Le bras de fer entre le régent d’Henri VI d’Angleterre et le roi de France Charles VII avait tourné court lorsque l’Ennemi véritable avait surgi de l’Orient, comme saint Jean l’avait prédit. Trop de fois, on avait crié inutilement au loup, et en y ajoutant les troubles de ce temps, petits comme puissants n’avaient réalisé la menace qu’une fois arrivée à leurs portes.
— À qui le dis-tu…, souffla Dunois en regardant les corps immondes à ses pieds.
Ils se mêlaient aux cadavres déchiquetés de ses hommes, aux casques et armures fendus. Leurs faces étaient tordues, leurs crocs sanguinolents et purulents, leurs cornes de boucs et leurs ailes plus diaboliques que n’importe quelle gargouille. Dunois n’en avait pas encore vu des comme cela, mais malgré les nombreuses batailles, il en sortait toujours d’autres, plus dangereux, plus monstrueux que les précédents.
Greenwashing, de Barbara L’Heureux
Jérôme Calvaire était satisfait. Il approcha la paire de ciseaux démesurée qu’il tenait à deux mains du ruban qu’il s’apprêtait à trancher, puis s’immobilisa pour offrir son meilleur profil aux photographes. Il y eut un crépitement de flashes et il trancha le ruban. Il s’empara brusquement du micro sans fil qu’une main lui tendait. Il entama son discours devant un public clairsemé qui n’attendait que les petits fours et le champagne payés par l’homme politique grâce à une ligne budgétaire obscure qu’il appelait en son for intérieur : « le fond Jérôme ».
— Chères Concitoyennes, chers Concitoyens, le changement climatique et la raréfaction des ressources ne sont plus une menace lointaine, mais bien un défi que nous devons affronter dès aujourd’hui. C’est pour cela que j’ai voulu une ressourcerie sur notre commune, une ressourcerie au service des citoyennes et des citoyens, une ressourcerie au service de la mobilité douce, une ressourcerie au service de la convivialité, une ressourcerie au service d’un monde avec moins de déchets et plus de réemploi.
Les Récupérateurs, de Constantino Listowski
La pluie battait l’océan. Le vent hurlait. Il faisait noir. Les nuages déversaient leurs eaux à un rythme effréné sur des murs de houle alors que trois thoniers-senneurs arpentaient la surface devenue montagneuse de l’Atlantique Nord.
Ces conditions n’avaient pas dissuadé les récupérateurs de prendre la mer, car les estomacs criaient famine. Il n’était pas question d’aller frapper à la porte des marchands de la capitale qui n’attendaient que ça : déverser leur alimentation de synthèse sur les populations côtières qui résistaient toujours. Les deux précédentes tentatives de repêchage avaient été annulées et, pour les récupérateurs, c’était ce soir ou jamais.
Malfaite, de Camille Souribou
— Il faut absolument tenir ! martela Montfort. Nice ne doit pas tomber aux mains des impies. Sans compter le sort qui nous serait réservé !
La mine défaite et le ton cramoisi de sa peau reflétaient les vains efforts de Jacques pour trouver une solution.
— Réquisitionnez les femmes ! insista-t-il. Elles pourront toujours combler les vides sur nos remparts. Elles donneront l’illusion d’une présence et préviendront les troupes de métier en cas de menace d’irruption de l’ennemi. D’ailleurs, j’ai pu voir que certaines d’entre elles sont de sacrées gaillardes.
En cuisine, de Virgnie Loir
Le bruit des casseroles et des ordres du chef nain Mizlin étaient assourdissants. En plein branle-bas de combat aux fourneaux, la brigade s’affairait à sortir les cinq cents repas réclamés pour le banquet du roi Ardin, sur trois jours durant. Le château n’avait pas reçu autant d’invités depuis le mariage du roi il y a plusieurs années.
Personne ne chômait en cuisine sous l’œil attentif du chef. Rien ne lui échappait. Cela incitait tout le monde à garder la cadence. Avec sa seconde Terry, naine également, ils arrivaient toujours les premiers pour vérifier chaque poste, chaque ustensile, chaque couteau, aiguisaient ce qui avait besoin de l’être, remplaçaient les instruments abîmés.
Étherval, c’est aussi :
- Interview de Marc Clément, scénariste pour le Cabinet des Murmures.
- Un article de Stéphane Lesaffre : L’œuvre de l’ombre.
- Un jeu dont vous êtes le héros, signé Pierre Sensfelder.
- Les Missives d’Etherval
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Les contributeurs du numéro 24 : « Ex tenebris » :
Rédacteur en chef : Stéphane Lesaffre
Auteurs : Vincent Giorgio, Lucas Issac-Lemasle, Barbara L’Heureux, Xavier Lhomme, Constantino Listowski,Virginie Loir, Jérôme Mauduit,Camille Souribou.
Illustrateurs : Michaël Andrianatony, Nada Ahmed Moustafa, Nina Chavin alias Erhena Mayers, Thierry Clet, Marie Charlotte Granié, Julie Limoges, Eric Malterre Henri Marino, Pixabay, GDJ, prettysleepy1, Wikipedia Common licences.
Couverture de Artofclor
Articles : Stéphane Lesaffre, Marc Clément, Andréa Deslacs
Mise en page : Morrigan (PAO), Stéphane Lesaffre (PAO), A.D (papier, pdf, epub) & Correctrices : API (Liam et Rachel Fleurotte)
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