Description
ETHERVAL 8 : Les reptiles
« Draconis Lex »
(La Loi du Dragon)
Sortie prévue en mai 2016 !
Notre sélection regroupe sept auteurs pour notre version papier, auxquels viennent s’ajouter un auteur pour la version numérique.
- “Complainte ophidienne” de Stéphane Lesaffres
- “Romances sibyllines” de Thomas Spock
- “Pour quelques onces de cuir” d’Arnaud Grocagne
- “Les Yeux de la tortue” de Sylvain Lamur
- “Ecailles” de Catherine Loiseau
- “Entends le chant du vent” de Nadine Debertolis
- “Morts programmées” d’Anthony Boulanger
et en supplément numérique :
- “Evolution” de Thomas Courjault
Ils sont les rois. Ils imposent leur loi sur le monde de notre imagination. Leurs noms et leurs légendes sont murmurés sur tous les continents. Les dragons sont les seigneurs de la fantasy, il était naturel de leur rendre hommage. Cependant, ils sont loin d’être les seuls reptiles fascinants. Les crocodiles sacrés du Nil et d’ailleurs avaient les faveurs de Sir Terry Pratchett qui aimait les élever. La tortue de la Fontaine a gagné sa course à la célébrité. Et quid du serpent corrupteur d’Ève ou de ceux qui sifflent sur d’autres têtes que celle de Médusa ?
Les auteurs d’Etherval ont joué d’écailles et d’imagination pour vous emporter dans leurs histoires.
La vipère de « Complainte ophidienne » (de Stéphane Lesaffre) se désole à l’arrivée du froid de l’hiver.
Le séducteur de « Romances sibyllines » (de Thomas Spock) se voit mettre au défi d’une nouvelle conquête.
La chasse aux sfelgs sera rude, mais que ne ferait-on pas pour « quelques onces de cuir » (d’Arnaud Grocagne)?
Les « Yeux de la tortue » (de Sylvain Lamur) reflètent les souvenirs d’enfance, de ceux qui nous marquent à jamais.
À moins que de l’innocence, on passe à la dominance, comme cette jeune demoiselle qui rêve de liberté autant que de serpents et d’« Écailles » (de Catherine Loiseau).
D’autres reptiles rêvent de liberté, et l’archausoromorphe de Thomas Courjault ne compte pas rester une créature lacruste en bas de l’échelle de l’« Evolution » (nouvelle numérique).
Quant au « chant du vent » (de Nadine Debertolis) parviendra-t-il par sa douceur à contenir le tonnerre de feu et de rage des âmes désespérées ?
La magie saurienne est étonnante, capable d’insuffler des golems d’argile, mais comment réagir quand la machine se dérègle et que les« Morts programmées » (d’Anthony Boulanger) s’enchaînent ?
À ces nouvelles se rajoutent les inégalables missives d’Etherval, une interview d’Adrien Thomas, ainsi qu’un petit inventaire du bestiaire reptilien (d’Oren Mallril) afin d’évoquer quelques créatures exotiques et eurasiennes. Bonne lecture à tous !
Complainte ophidienne, de Stéphane Lesaffre
Soudain, un mulot gris de belle taille bondit sur le coléoptère et l’écrasa d’un coup de patte assuré. Il n’avait pas remarqué sa prédatrice qui s’approchait sans bruit. La vipère resta une minute à l’observer tandis qu’il se démenait avec la dépouille de l’insecte, puis se dressa et fondit en avant.
Hélas, la fraîcheur avait engourdi ses mouvements, altéré ses réflexes, embrumé son esprit. Le rongeur ne se laissa pas surprendre et réussit sans peine à esquiver l’attaque avant de décamper au loin. L’infortunée ne trouva pas les ressources pour le poursuivre et resta là à se lamenter, pendant de longues minutes. Finalement, elle tourna son regard vers le ciel et implora de l’aide.
— Dame Nature, je t’en prie, viens à mon secours, siffla-t-elle. Je suis défavorisée, obligée de me terrer quand la bise s’abat sur les forêts. Je manque d’énergie, nue comme un vulgaire lombric, quand la moindre musaraigne peut gambader et me narguer, bien au chaud sous son pelage.
Le froid arrive et Vi, la vipère, sent ses forces périclitées alors même qu’elle a l’estomac bien trop vide pour hiverner en sécurité. Dame Nature saura-t-elle entendre sa supplique ?
Romances sibyllines, de Thomas Spock
La rumeur affirmait tour à tour qu’il avait conduit un prêtre à rompre son vœu de chasteté ; brisé le cœur de pierre d’une statue vivante ; conté fleurette à la Lune ; déchaîné les passions d’un sorcier eunuque et de son serviteur démoniaque ; séduit la fille unique d’un ogre et partagé avec elle un repas végétarien, au grand dam de son père. On le soupçonnait d’avoir survécu à une nuit entière entre les six bras d’une déesse de la fertilité aux désirs inextinguibles.
En somme, les cocus et les fantaisistes racontaient n’importe quoi ou presque, par peur (ou par fantasme !) que l’elfe aux yeux d’argent ne s’invitât dans leur lit.
À défaut de démêler le vrai du faux, Mercurio continuait de découvrir les beautés du monde, s’inventant sans cesse de nouvelles envies. Pour une raison ou une autre, il avait choisi ce jour-là de se délasser dans une petite crique, où il assistait — heureux spectateur ! —, aux jeux d’un trio de naïades.
La réputation de Mercurio en tant qu’elfe séducteur n’est plus à faire. Il enchaîne les conquêtes avec cette bienveillance et cette délicatesse qui ne lui valent aucun reproche. Un défi est un excellent moyen de l’émoustiller. Or, quand des naïades aux physiques bien appétissants lui dénigrent le talent de parvenir à séduire une nouvelle proie, ni une ni deux et hop ! Mercurio vogue déjà vers cette dame à charmer !
Pour, un jour, atteindre le sommet.
Pour quelques onces de cuir, d’Arnaud Grocagne
Sneptre était un chasseur. Pas question pourtant de traquer de ridicules rongeurs ou autres paisibles bouffeurs d’herbe. Non qu’il ne s’amusât, le cas échéant, de faire avaler la poussière à un lépusse ou un serfon, il préférait néanmoins le défi, le frisson irrépressible procuré par la confrontation avec une proie au moins aussi redoutable que lui. En ce sens, nuls ne s’avéraient plus dignes de l’affronter que les sauriens en contrebas.
Quatre sfelgs se doraient aux rayons rasants du primastre à peine levé, installés sur un rocher plat en surplomb d’un ruisseau. Flanquée de deux falaises abruptes, l’eau dégringolait en fringantes éclaboussures et emplissait l’air matinal de son carillon gracile. Les sfelgons – nés du printemps, à la taille – jouaient sur la rive tandis que leurs parents, collés l’un à l’autre, les observaient. Sur la droite, l’entrée de la tanière se dérobait derrière un dense rideau d’arbustes.
Seuls les adultes intéressaient le chasseur pour leur cuir de première qualité. Très recherché par les tanneurs et les corroyeurs, ce matériau se négociait à meilleur prix que l’or. Un tarif d’autant plus élevé que l’animal se raréfiait, son extermination systématique se perpétuant depuis des siècles.
Sneptre et son équipe comptent bien gagner le pactole en rapportant chez les tanneurs le précieux cuir de l’immense sfleg adulte qu’ils ont débusqué. Le reptile est cependant un adversaire puissant et retors. C’est ce qui rend cette chasse si intéressante aux yeux de Sneptre. On ne se sent jamais autant en vie que lorsqu’on affronte un adversaire mortel…
Les Yeux de la tortue, de Sylvain Lamur
— Le poisson rouge de mon fils est mort, je n’en reviens pas de voir à quel point ça m’a rendu triste.
— Racontez-moi ça.
— En fait, il a commencé à aller mal vendredi soir. J’étais seul à la maison. Je regardais « Le meilleur plombier » sur la 13. Vous le suivez ou bien… ?
— Mmm…
La vie à ses hauts et ses bas, et son lot de mauvaises décisions. Parfois un événement presque banal, comme la mort d’un poisson rouge, vient faire remonter en surface des souvenirs et des rencontres oubliées. Comme celle survenue au temps de l’enfance et de l’innocence alors qu’une foire aux reptiles déploie son installation dans les alentours du village…
Écailles, de Catherine Loiseau
Des serpents. Des centaines de serpents qui se pressaient contre elle, se lovaient autour de ses jambes et enserraient son torse. Armande se débattit et voulut crier. Les peaux lisses et écailleuses des reptiles se resserrèrent autour d’elle pour l’empêcher de prononcer la moindre parole. La jeune fille se tordit dans tous les sens pour se libérer de cet étau. Un brasier naquit dans sa poitrine, le corset reptilien se desserra, Armande hurla.
Elle se réveilla en sursaut. Son drap s’était entortillé autour de sa gorge durant la nuit. Elle se défit de ce piège et se redressa. Elle était en nage, sa chemise de nuit en épais coton blanc collait à sa peau. Armande repoussa ses mèches trempées de sueur en arrière et exhala profondément pour chasser les derniers vestiges de ce mauvais rêve.
Trois coups secs frappés à son battant lui causèrent un tressaillement.
— Mademoiselle ? Êtes-vous levée ? lança la voix acariâtre d’Augustine.
Dernière-née d’une famille de la petite bourgeoisie du Nord, Armande est en âge d’être mariée. Sa mère commence à préparer le terrain et à sélectionner de possibles prétendants. Armande, en tant que fille de bonne famille, n’a pas son mot à dire. D’autant qu’elle a peu d’arguments physiques ou intellectuels à faire valoir. Cependant, le feu de l’indépendance s’éveille en elle, et cela pourrait tout changer…
Absolument aucune.
Évolution, de Thomas Courjault (exclusivité numérique)
Une image me revient : à l’orée du jour, une forme se dessine à l’horizon, loin, très loin dans les terres. Elle est d’abord floue, changeante, puis les contours s’épaississent, deviennent nets. C’est une montagne. La faible lumière du matin la colore en rouge orangé et fait délicatement scintiller ses arêtes saillantes. Sur son flanc, des nuages sont souvent accrochés qui semblent s’être arrêtés là pour se reposer, en suspension, à mi-chemin du sommet. Au fur et à mesure que la journée avance, les nuages s’évanouissent. La montagne impose alors sa présence, s’étendant jusqu’à la mer à l’ouest où l’on aperçoit ses falaises abruptes plonger dans l’eau bleu turquoise et limpide.
La proximité de la côte est un risque pour moi, car il arrive que des humains viennent jusqu’ici. En général, ils préfèrent lorsque le soleil est haut et chaud, mais parfois…
Après cinq ans d’études, le scientifique Matthew Stanton n’a plus qu’une chance pour prouver ses théories sur l’adaptation des espèces en fonction des niches écologiques et de leurs stimulations. Son ultime sujet d’étude sera un archausoromorphe bêta qu’il va suivre depuis l’éclosion et tout au long des étapes de son développement. Et il est prêt à parier qu’il a trouvé le spécimen qui va révolutionner les thèses de l’évolution.
Entends le chant du vent, de Nadine Debertolis
À travers les fins murs de bambous, les paroles de Shibé retentirent. Tous les matins, le vieux sage clamait dans le village les poèmes du soleil levant, donnait les noms des constellations rasant l’horizon, bientôt effacées par la lumière, et commentait l’avancée des fruits qu’engendraient les saisons. Nombreux étaient ceux qui le surnommaient « notre vieille horloge » avec affection. Mais pas Meko, qui en voulait au temps passant.
Le garçon s’enroula davantage dans les draps. Le vague à l’âme, son esprit se repassait la métamortphose de ses parents survenue deux ans plus tôt : une biche et un bouc émergeant de cocons enflammés ; superbes, gracieux et graciles. Leurs sabots avaient claqué sur le sol du bourg pendant deux bonnes semaines. Rares étaient les animortphes à rester aussi longtemps auprès des vivants avant de prendre le chemin de l’au-delà, mais leur situation faisait exception ; ils laissaient derrière eux deux orphelins. Meko et Aïko avaient chevauché la biche et le bouc, fourré leur nez dans leurs poils épais. Ivresse de chaleur, plénitude de douceur. Même si l’odeur forte et animale de la mort enveloppait leurs parents – piqûre sensorielle pour ne pas oublier ce qui adviendrait –, ces jours avaient été heureux.
Les âmes des défunts, les animortphes, prennent à leur mort, pour quelques secondes à plusieurs jours, une apparence animale. Le temps d’un au revoir, ou celui… d’une vengeance. On dit que les âmes les plus coléreuses revêtissent l’apparence de grands reptiles. Une fureur qui résonne aussi en Meko, et pourtant le garçonnet est toujours bien vivant.
Morts programmées, d’Anthony Boulanger
Je reportai mon attention sur mon Golec. Par rapport aux autres que j’avais rencontrés dans cette ville, ma créature était plus massive, et élaborée dans de meilleurs matériaux. Elle avait fait sensation dès que j’avais débarqué au port. Je ne m’étais pas contenté de prendre de la vulgaire terre pour former cet être artificiel, j’y avais inclus des minéraux rares et avais renforcé sa structure en le bardant aux endroits stratégiques de pièces métalliques et d’inclusions d’arsenic. Résultat, un Golec qui durait et dont le corps moins acide altérait à peine les Écailles de Programmation insérées. Les Serpars avaient oublié quelque chose en formulant leur demande auprès de ma hiérarchie : je n’étais pas seulement le meilleur programmeur, j’étais le meilleur concepteur également et cette créature le leur avait prouvé par sa seule existence.
— Nous sommes jurasdi aujourd’hui, c’est cela ? demandai-je.
— Oui, Maître, me répondit le Golec de sa voix gutturale, semblable à une avalanche de pierre. Vous êtes convoqué chez le Tyranno dans un quatorzième de jour pour lui faire part de vos avancées sur l’enquête.
Silki est un enquêteur varar spécialisé dans la golectique. Il a été missionné par sa queste pour aider les policiers serpars de l’île voisine afin de résoudre les meurtres violents survenus dernièrement dans la capitale. Le rythme des morts se précipite, il leur faut agir avant que la liste s’allonge encore !
Étherval, c’est aussi :
- Une interview d’Adrien Thomas, par AF Lune
- Un article dans la version numérique sur la Ballade de Pern d’Anne McCaffrey
- Un petit inventaire du bestaire reptilien dans la culture, par Oren Malldri
- Des pages de détente : avec quizz (version numérique) t les Missives d’Etherval
Les contributeurs du numéro 8 : La Loi des dragons « Draconis Lex »
Auteurs : Anthony Boulanger, Thomas Courjault, Nadine Debertolis, Arnaud Grocagne, Stéphane Lesaffre, Sylvain Lamur, Catherine Loiseau, Thomas Spock
Illustrateurs : Alxperiment, Asthenot, Loïc Carnavaggia, Chap’eau rouge, Czakow, Yanis Cardin, Marc Dufosset, Pierre Gonzales, Putevie, Paperhead, Raccoon, Fog Ryû, Vay, Websi, AD (photo temporaire pour Evolution de Unspash)
Articles : Oren Malldri, l’équipe d’Etherval pour les Missives
Interview d’Adrien Thomas par AF Lune
Poème : Yann Valère
Acteurs (audio) : Andréa Deslacs, David Kabar, Stéphane Lesaffre, Iphégore Ossenoire, Rémi Przybylski, Amandine Thorrignac
Mise en page : Morrigan (PAO), A.D (epub-mobi)
Correcteurs : Rachel Fleurotte, Hermine Lefebvre, Taho
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